Voilà une date charnière dans l’histoire du vin.
Ce jour là, fut organisée une dégustation à l’aveugle un peu particulière.
Le but était de comparer à l’aveugle de grands vins français, face à de grands vins californiens.
Avez-vous déjà fait l’expérience de déguster à l’aveugle ?
Si ce n’est pas le cas, faîtes donc l’expérience !
Il vous suffit de :
- réunir quelques bouteilles (et idéalement quelques amis)
- de servir les vins dans différents verres,
- d’intervertir les verres,
- puis de les déguster à plusieurs reprises, en intervertissant régulièrement les verres pour vous tester.
Vous allez voir : c’est extrêmement pédagogique, et c’est une vraie école d’humilité.
Revenons à notre histoire.
Donc, nous sommes le 24 mai 1976 à hôtel Intercontinental de Paris, pour une dégustation à l’aveugle organisée pour de (grands) professionnels du vin.
C’est en quelque sorte un « match », opposant de grands vins de France contre de grands vins californiens
- Pour les rouges, les rouges californiens se confrontaient à de grands vins de Bordeaux (assemblage cabernet-sauvignon / merlot pour les cuvées comparées)
- Pour les blancs, des Chardonnays californiens s’opposaient à de beaux Bourgogne.
Je vous passe tous les détails sur les membres du jury, sur les vins représentés… Pour en venir au résultat.
A l’issue de cette dégustation, la 1ère place fut attribuée … à des vins californiens.
Comment ??
La France, l’eldorado du vin, qui se fait détronner par des vins presqu’inconnus au bataillon ?
Et puis, en France, on est un peu chauvin.
Enfin, parfois. Ou parfois souvent.
Et en ce qui concerne le vin, on est assez sûr de nous.
Donc voilà un résultat qui semblait bien improbable.
C’était il y a 40 ans, et ce fut un coup de massue.
On appelle cette dégustation historique « le jugement de Paris ».
Aujourd’hui, on sait qu’il y a d’excellents vins (presque) partout dans le monde:
- S’il y a une bonne adéquation climat / terroir / cépage, on peut avoir une excellente matière première (en l’occurrence, un bon raisin)
- S’il y un bon travail en termes de viticulture/œnologie, on peut extraire de ce raisin une petite merveille!
Cette dégustation nous apprend autre chose : Que la dégustation à l’aveugle est un exercice casse-gueule !
Même pour de grands dégustateurs.
Je dirai même : SURTOUT pour de grands dégustateurs, qui ont beaucoup plus à perdre en se plantant lamentablement dans une dégustation censée être facile !
Et en pratique, c’est rarement facile.
Ça me fait penser à ce que dit Frédéric Brochet, « vigneron scientifique » dont j’admire le travail.
« Dans la dégustation, tout est dans la tête »
Et oui, le contexte est tellement important sur la perception du vin.
Faites l’expérience de déguster dans des verres opaques, et vous verrez qu’il peut même être compliqué de différencier un vin blanc d’un vin rouge simple !
C’est l’expérience que fit Brochet avec un public d’étudiants en œnologie.
Et qui confirma l’importance du contexte.
Ce qu’on ATTEND d’un vin conditionne la PERCEPTION qu’on en a.
Les sens sont liés aux émotions. Qui sont liées à nos pensées.
Je vous dis, c’est une vraie école d’humilité !!
Alors pour mettre toutes les chances de vos côtés lors de vos dégustations, et acquérir une méthode pour mettre de mots sur ce que vous ressentez en dégustation, rejoignez le prochain CFV à distance (débutants) ou le prochain WSET 2 à distance (débutants et intermédiaires)
=> Il reste encore quelques places à réserver ici, et à suivre d’où que vous soyez.
PS : Vous m’avez demandé d’ajouter de nouveaux cours sur le calendrier parisien : c’est en cours ! Mais en attendant, des places se sont libérées sur plusieurs cours à Paris, vous pouvez les réserver ici.